Bonjour
La méditation que j'ai publiée sur le
podcast la semaine dernière s'intitulait "Détendre le mental".
Aujourd'hui je voudrais évoquer quelques réflexions que m'inspirent les derniers ouvrages de Fabrice Midal. Fabrice Midal est philosophe, écrivain et aussi
enseignant en méditation.
Il porte une vision de la vie que j'aime beaucoup : il préconise de se donner le droit d'être comme on est, aux antipodes de la conception dominante, à la fois culpabilisante et
instrumentalisante.
Même en méditation, il y a une conception sous-jacente de se servir de la méditation pour atteindre un mieux-être, pour parvenir à maîtriser le stress.
Or, la méditation est avant tout une rencontre avec soi-même, avec qui l'on est, sans jugement, sans chercher d'objectif à atteindre.
Fabrice Midal aborde la méditation en disant "Foutez-vous la paix !"
C'est la consigne qu'il donne pour méditer. Pour lui, il n'y a rien à réussir, il y a seulement à pratiquer.
Nous sommes conditionnés, obnubilés depuis
notre plus tendre enfance à réussir ce que nous faisons. Nous vivons en permanence sous le régime de l'évaluation et du jugement, nous craignons toujours de mal faire.
Quand nous sommes confrontés à des problèmes de
santé, nous sommes effrayés par l'idée que cela peut venir de quelque chose que nous avons mal fait, et la culpabilité qui vient de là s'ajoute aux angoisses auxquelles nous sommes confrontés à cause de la maladie.
Cette peur fondamentale de ne pas être à la hauteur s'ajoute aux stress de la vie, et cela finit par nous ronger jusqu'à en devenir incapable d'être heureux.
Fabrice Midal le souligne : "De plus en plus de
personnes vont mal, sont angoissées, stressées, déprimées. Avant de chercher la cause de leur souffrance, on leur applique des remèdes qui, forcément, ne fonctionnent pas - comme si on voulait réparer une fuite d'eau sans déterminer son origine. On les soupçonne même de manquer de volonté, de ne pas se contrôler, de ne pas faire d'efforts, de ne pas gérer assez bien ceci ou cela. On les rend coupables alors qu'elles sont victimes de la pression qu'elles se sont imposée, de leur
auto-instrumentalisation qui leur a fait perdre tous leurs moyens."
Et si il fallait s'y prendre différemment ? Bien sûr souvent on préconise de lâcher prise. Pour Fabrice Midal, cette notion est erronée. "Lâcher prise participe de la pression culpabilisatrice. Lâcher prise sous-entend que l'on est coupable : d'avoir des émotions, de pas être toujours
d'humeur égale, d'être relié à nos forces de vie."
La société nous assène des quantités d'injonctions que nous subissons et que nous avons appris à suivre sans soupçonner leur réelle perversité.
Des injonctions qui sont la négation de ce que nous vivons : gère ton stress, fais ton deuil, pense à autre chose...
Des injonctions qui nous poussent à nous en vouloir parce qu'on a étudié telle chose plutôt qu'une autre, parce qu'on préfère les vacances au calme plutôt qu'en bande, parce qu'on n'est pas dans "la norme".
Des injonctions qui nous demandent une chose et son contraire : sois efficace mais détends-toi, sois agressif mais bienveillant, sois ambitieux mais ne fais d'ombre à personne, propose des changements mais qui ne font pas de vague, œuvre pour le changement climatique mais continue à consommer pour faire fonctionner l'économie...