, bien sûr,
vous savez ceci :
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. La souffrance en fait partie.
En fait il y a deux sortes de souffrances : celle qui est inévitable, et celle qui n’est pas nécessaire.
La souffrance inévitable, c’est celle qui est imposée par les événements extérieurs. Ils ne dépendent pas de vous. Un accident vous a blessé… Le décès d’un proche vous a touché…
La souffrance non nécessaire, c’est celle que vous ressentez après que l’événement soit passé. Le phénomène est terminé, et pourtant il reste une trace qui peut rester douloureuse.
Le souvenir de l’événement est toujours là. Soit il est neutre, juste un souvenir, que vous pouvez choisir à votre gré de visiter ou de raconter. Soit il est douloureux. Il y a comme une mémorisation de la douleur, qui se
traduit par des sensations physiques, psychologiques, émotionnelles…
C’est votre
cerveau qui construit cette souffrance. Il se sert de la mémorisation de l’événement et des émotions ressenties pendant cet événement. Cette mémoire, si elle n’est pas nettoyée, digérée en quelque sorte, reste inscrite dans le subconscient et dans le corps.
Toutes ces souffrances provoquent une réaction de stress de l’organisme. C’est une menace, qu’elle soit réelle ou supposée. Et si cette menace n’est pas réelle, elle est donc construite par le cerveau, à partir des souvenirs et des sensations inscrites dans le corps. Il est nécessaire de déconstruire cela, de
digérer les émotions, de faire en sorte que le souvenir ne soit qu’un souvenir, et pas un déclencheur de stress.
Quelquefois, l’événement vécu est tel qu’il est difficile de le « digérer ». On parle alors de traumatisme.
Qu’est-ce qu’un traumatisme ?
Selon le Dr Peter Levine, spécialiste du traumatisme, un traumatisme « est quelque chose qui arrive trop fort, trop vite, trop tôt. »
On peut ajouter à cela, comme Britt Frank, la notion complémentaire : pas assez. Le traumatisme est quelque chose que vous avez eue alors que vous n’en aviez pas besoin, ou quelque chose que vous n’avez pas reçue alors que vous en avez eu besoin.
Britt Frank ajoute : il faut distinguer le traumatisme lui-même et la réponse traumatique.
En effet, il peut arriver de vivre un traumatisme et de ne pas avoir de réponse traumatique. En effet, la résilience de chaque individu peut lui permettre de se servir du traumatisme pour sa
croissance, sa maturité.
Mais les crises de panique, l’anxiété, les cauchemars,
les phobies, etc… sont souvent des réponses à des traumatismes, c’est à dire un symptôme, un comportement, une manifestation de ce trauma qui a été vécu. On parle alors de Syndrome de Stress Post Traumatique (SSPT).
Bien souvent, ce qui traumatise le plus n’est pas seulement l’événement qui s’est passé à un moment donné parfois lointain, mais tout ce qui a été mis en place pour vivre avec et qui reste au quotidien. À force de le fréquenter, cela finit par normaliser le traumatisme.
Cette réponse traumatique apporte elle-même un stress chronique qui s’ajoute à tous les autres stress de la vie.
Dawson Church reconnait le traumatisme lorsque l’un des quatre éléments suivants est repéré dans l’événement traumatisant :
- Un sentiment d’une menace pour sa propre survie
- Un sentiment d’impuissance, quand la capacité à faire face est débordée
- Un sentiment d’isolement qui découle de l’événement
- Lorsque les attentes légitimes envers d’autres personnes ont été violées
Un événement traumatisant ne laisse pas toujours une réponse traumatique.
Mais lorsque le traumatisme arrive dans l’enfance, l’enfant n’a pas toujours en lui les compétences et les expériences cognitives qui lui permettent de relativiser et « digérer » le traumatisme. Souvent, il va « encapsuler » le traumatisme et dissocier son souvenir. C’est à dire qu’il se souviendra de l’événement jusqu’au dernier souvenir de sécurité, et reprendra conscience de
l’événement à partir du premier moment où il sera de nouveau en sécurité. Tout le reste est enfoui dans sa mémoire, et son subconscient ne lui en laisse pas l’accès.
Néanmoins, l’émotion est toujours présente, et tout événement ultérieur similaire redéclenchera une réaction émotionnelle image de celle qui est dans la capsule.
Le traumatisme pourra mettre des décennies avant de produire un stress post traumatique : tant que le traumatisme n’est pas évacué, que son émotion n’est pas digérée, la possibilité d’apparition d’un Syndrome de Stress Post Traumatique existe.