Bonjour ,
Oui, cela est certain, nous avons tous vécu dans
notre vie des événements traumatiques.
Je vous souhaite d'en avoir peu connu qui soient violents. Mais hélas, cela aussi arrive parfois. Si c'est le cas, recevez toute ma compassion.
Qu'est-ce qu'un trauma ?
Tout événement qui est vécu avec l'une des caractéristiques suivantes peut devenir un traumatisme (je rappelle que le traumatisme n'est pas l'événement
vécu, c'est ce que nous en faisons) :
- lorsque vous percevez une menace pour votre vie ou votre santé,
- lorsque vous êtes seul face à cet événement,
- lorsque vous êtes débordé, ou avez le sentiment de ne pas pouvoir faire face,
- lorsque vos attentes envers une personne qui devrait vous soutenir sont trahies.
Cependant, ces événements potentiellement traumatiques sont nombreux à passer inaperçus, ou à ne pas laisser de souvenir trop pénible.
Il y a plusieurs raisons à cela.
En premier lieu, il arrive qu'un événement potentiellement traumatique ne génère pas un trauma. Si cet événement vous arrive trop tôt dans votre vie, ou trop fort, ou trop brusquement, vos capacités de le gérer vont probablement être dépassées. Vous risquez d'en faire un trauma.
Deuxièmement, c'est
parce qu'il y a plusieurs sortes de traumatismes. La différence est très subjective, c'est pour cela que je vais simplement les appeler les Traumas avec un grand T, et les traumas avec un petit t.
Nous ne nous souvenons pas toujours des Traumas, car leur souvenir peut s'avérer si pénible que notre
subconscient, pour nous en protéger, les garde inaccessibles.
Troisièmement, d'autres traumas (T ou t) peuvent nous laisser un souvenir assez précis des événements, mais nous laissent en dehors de toute émotion.
Nous avons alors l'impression que nous avons surmonté ces traumatismes. En réalité, la mémoire émotionnelle de cet événement est enregistrée dans votre corps mais vous n'y avez pas accès.
Les autres
traumas, qu'ils soient avec un grand ou un petit T, restent vivants en permanence, et parfois de plus en plus douloureux au fil du temps.
Voici ce qui m'est arrivé personnellement :
Quand j'avais 6 ans, je rentrais tout seul de l'école. Un jour, le long de la rue Nicolas Leblanc que j'empruntais pour rentrer à la maison (remarquez comme le souvenir est précis) je croisai une très vieille femme, courbée, qui marchait avec difficulté. Je la vis s'engager entre les voitures en stationnement, pour traverser cette rue qui n'a pas d'intersection.
Je savais parfaitement à mon âge qu'il est dangereux de traverser en dehors des clous, aussi, je fus curieux de vérifier que tout se passait bien pour cette vieille femme. Je m'aventurai à mon tour entre les voitures stationnées.
De très loin, je vis alors une voiture s'avancer à vive allure, et sans freiner heurter la vieille dame. Celle-ci s'écrasa devant moi, quasiment à mes pieds, et je la vis allongée devant moi, face contre terre, le sang coulant abondamment. Je sentis l'odeur du sang, le goût du sang dans ma bouche.
Sans être effrayé, je me rendis compte que je n'avais rien à faire là, que je ne pouvais être d'aucune aide, et je repris ma route...
Je rentrai à la maison, et n'évoquai jamais avec quiconque cet
événement.
Pendant des dizaines d'années, j'ai eu accès à ce souvenir, sans ressentir la moindre émotion.
Je croyais que
mon esprit rationnel m'avait permis de nettoyer ce traumatisme et d'en être libéré.
En réalité, mon psychisme a créé une capsule traumatique, qui rend inaccessible les émotions (et parfois aussi les sensations physiques) d'un événement traumatisant.
A quel point sommes nous affectés par les traumas ?
L'événement traumatique génère un stress important. Un stress parfois tel que le système nerveux autonome nous met en sidération (un gel total des capacités de protection et de réaction).
Le stress, qu'il vienne de ces types d'événements, de la
pression du travail, des soucis quotidiens, de la discrimination... accélère notamment le vieillissement du système immunitaire, ce qui augmente les risques de très nombreuses maladies.
Le subconscient met aussi des stratégies en place pour être certain d'éviter de retrouver cette situation.
Dans mon histoire, je me suis rendu compte un jour - assez récemment, après plusieurs décennies vécues avec ce trauma - que j'avais une véritable phobie des personnes très malades. Ainsi, lors des décès de plusieurs membres de ma famille, j'ai été incapable d'être en leur contact dans les mois ou semaines où leur
maladie s'aggravait. Je ne pouvais pas non plus être en présence de leur dépouille. Et incapable d'assister à leur enterrement.
Même si j'étais convaincu d'être libéré de ce traumatisme, en réalité je vivais avec cette phobie.
Le stress était toujours présent en moi, pendant des décennies, à cause des émotions enfouies dans mon corps et dans la capsule traumatique.
Lorsque j'ai compris cela, j'ai entrepris un travail
personnel, avec l'EFT, pour me libérer de cette phobie. Ce fut une chance car ainsi j'ai pu être en contact avec mon père dans ses derniers mois de maladie d'Alzheimer (ce qui était très difficile pour moi auparavant), et j'ai pu l'an dernier, vivre paisiblement le dernier adieu et son enterrement.
Mais ce
n'était pas suffisant.
Il y a quelques semaines, alors que je faisais de l'activité physique dans la salle de sports, je me suis mis à penser à cet événement que j'avais vécu à 6 ans. Et soudain, j'ai senti monter en moi, à propos de cette scène, une frayeur telle que j'ai cru tomber dans les
pommes.
Mon esprit m'a permis de repousser cette sensation émotionnelle dans la capsule traumatique et l'y enfermer. J'étais tremblant, assez secoué.
Mais surtout, je savais dès lors que je n'étais pas à l'abri d'une réminiscence. Il devenait essentiel de terminer de résoudre ce traumatisme.
J'avais réussi à me libérer de la phobie, il restait encore à décharger la puissance des
émotions.